samedi 31 mai 2008

46. Nougaro:"Paris mai."

Claude Nougaro écrit ce morceau quelques semaines après la fin du mouvement social qui secoue la France en mai-juin 1968. La musique est signée Eddy Louiss. Le superbe texte de Nougaro n'incite pas à la rébellion, mais porte un regard poétique sur l'immédiat après-mai et ses désillusions. Son chant exalté fait ici des merveilles et confère au titre un souffle puissant.
La simple évocation des événements entraîne la censure du morceau à sa sortie.
Cette même année, Nougaro triomphe à l’Olympia, où il se produit deux semaines durant.

"Paris mai " Claude Nougaro.
Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris
Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris
Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris

Le casque des pavés ne bouge plus d'un cil
La Seine de nouveau ruisselle d'eau bénite
Le vent a dispersé les cendres de Bendit
Et chacun est rentré chez son automobile
J'ai retrouvé mon pas sur le glabre bitume
Mon pas d'oiseau forçat enchaîné à sa plume
Et piochant l'évasion d'un rossignol titan
Capable d'assurer le sacre du printemps

Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris

Ces temps-ci je l'avoue j'ai la gorge un peu acre
Le sacre du printemps sonne comme un massacre
Mais chaque jour qui vient embellira mon cri
Il se peut que je couve un Igor Stravinski

Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris
Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris

Et je te prends Paris dans mes bras pleins de zèle
Sur ma poitrine je presse tes pierreries
Je dépose l'aurore sur tes tuileries
Comme roses sur le lit d'une demoiselle
Je survole à midi tes six millions de types
Ta vie à ras-le-bol me file au ras des tripes
J'avale tes quartiers aux couleurs de pigeon
Intelligence blanche et grise religion

Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris

Je repère en passant Hugo dans la Sorbonne
Et l'odeur d'eau-de-vie de la vieille bonbonne
Aux lisières du soir, mi-manne, mi-mendiant
Je plonge vers un pont où penche un étudiant

Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris
Mai, Paris

Le jeune homme harassé déchirait ses cheveux
Le jeune homme hérissé arrachait sa chemise
Camarade ma peau est-elle encore de mise
Et dedans, mon coeur seul, ne fait-il pas vieux jeu
Avec ma belle amie quand nous dansons ensemble
Est-ce nous qui dansons ou la terre qui tremble?
Je ne veux plus cracher dans la gueule à papa
Je voudrais savoir si l'homme a raison ou pas
Si je dois endosser cette guérite étroite
Avec sa manche gauche, avec sa manche droite
Ses pâles oraisons, ses hymnes cramoisis
La passion du futur, sa chronique amnésie

Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris
Mai, Paris

C'est ainsi que parlait sans un mot ce jeune homme
Entre le fleuve ancien et le fleuve nouveau
Où les hommes noyés nagent dans leurs autos
C'est ainsi, sans un mot, que parlait ce jeune homme
Et moi l'oiseau forçat casseur d'amère croûte
Vers mon ciel du dedans j'ai replongé ma route
Le long tunnel grondant sur le dos de ses murs
Aspiré tout au bout par un goulot d'azur
Là-bas brillent la paix, la rencontre des pôles
Et l'épée du printemps qui sacre notre épaule
Gazouillez les pinsons à soulever le jour
Et nous autres grinçons, pont-levis de l'amour

Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris
Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris
Mai, mai, mai, Paris mai, mai, mai, mai, Paris


vendredi 30 mai 2008

45. Mandela Day des Simple Minds

Après la chanson Biko interprétée par Peter Gabriel restons dans la contestation de l'apartheid en Afrique du Sud.
En 1989 sortait la chanson Mandela Day d'un groupe mythique des années 80 les Simple Minds.


L'album dont est issu ce morceau, Street Fighting Years est le dernier grand succès du groupe...On peut parler d'apogée car deux singles vont avoir un succès retentissant : Mandela Days et Belfast Child (sur la guerre en Irlande du Nord)...Cet album est donc marqué par un engagement plus politique du groupe qui participe régulièrement aux grands concerts humanitaires initiés par Bob Geldof.
Voici les paroles de la chanson qui évoque l'interminable incarcération de Nelson Mandela....et surtout célèbre la libération du leader noir qui incarne beaucoup d'espoirs quant à l'évolution du régime d'apartheid en Afrique du Sud. En effet, Nelson Mandela qui avait été condamné en 1963 pour son activisme anti-blanc a été libéré le 7 décembre 1988 (25 ans plus tard) pour être mis en résidence surveillée et définitivement libre le 11 février 1990. Prix Nobel de la paix en 1993 (avec Frederick De Klerk) il précipite la chute de l'apartheid, est devient président en 1994 pour 5 ans.
Cette chanson saisit en son temps, un moment historique et symbolique...le début de la fin du régime de ségrégation en Afrique du Sud.


It was 25 years they take that man away
Now the freedom moves in closer every day
Wipe the tears down from your saddened eyes
They say mandela's free so step outside
Oh oh oh oh mandela day
Oh oh oh oh mandela's free

It was 25 years ago this very day
Held behind four walls all through night and day
Still the children know the story of that man
And i know what's going on right through your land

25 years ago
Na na na na mandela day
Oh oh oh mandela's free

If the tears are flowing wipe them from your face
I can feel his heartbeat moving deep inside
It was 25 years they took that man away
And now the world come down say nelson mandela's free

Oh oh oh oh mandela's free

The rising suns sets mandela on his way
Its been 25 years around this very day
From the one outside to the ones inside we say
Oh oh oh oh mandela's free
Oh oh oh set mandela free

Na na na na mandela day
Na na na na mandela's free

25 years ago
What's going on
And we know what's going on
Cos we know what's going on






Les Simple Minds


Le groupe se forme en 1975 et prend son nom définitif en 1977 : il est composé par deux leaders historiques : Jim Kerr et Charlie Burchill. Le succès arrive au début des années 80 quand le jeune groupe de Glasgow surfe sur la nouvelle vague, la New Wave....cette musique électronique très entraînante est l'héritière édulcorée de la musique punk...A travers quelques tubes planétaires : dont le plus célèbre est Don't You (Forget about me) ou encore Alive and Kicking, les Simple Minds sont avec U2, The Cure ou Depeche Mode, l'un des groupes énigmatiques des années 80.
Après les grands succès, le groupe va connaître des départs, des divisions et lentement va redevenir un groupe confidentiel, surtout après l'album Real Life de 1991. Le dernier opus du groupe Cry est sorti en 2002.



Jean-Christophe Diedrich

44. Renaud:"Hexagone."

Pochette de l'album "Amoureux de Paname" (1975).
Avec ce titre rageur, Renaud se lance dans une dénonciation en règle de tout ce qu'il exècre. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que tout le monde en prend pour son grade. Dans la veine anarchiste et libertaire de ses débuts, le chanteur propose sa version de l'histoire de France dont il énumère les épisodes les plus sombres.
Mois après mois, Renaud tourne les pages de son calendrier: 
- En janvier, il dénonce le conservatisme ambiant.
- Février lui permet d'évoquer l'assassinat par la police de 9 personnes qui manifestaient, le 8 février 1962, "pour la paix en Algérie et contre l'OAS", au métro Charonne.
- En mars, il pourfend l'attitude de la France qui continue de guillotiner. Il faudra en effet attendre 1981, avec l'élection de François Mitterrand, pour que la peine de mort soit enfin abolie. En ce domaine, l'Espagne, qui vient pourtant tout juste de sortir de la dictature, la précède de trois ans...
- Avril lui donne l'occasion de se moquer des expressions éculées ("en avril, ne te découvre pas d'un fil").
- Le mois de mai s'avère particulièrement chargé puisque Renaud revient à la fois sur la "Semaine sanglante" (du 22 au 28 mai 1871), qui met un terme à l'expérience révolutionnaire de la Commune de Paris; mais aussi sur les manifestations étudiantes de mai 1968 et le triomphe électoral final des gaullistes à la fin du mois de juin. Le général est parvenu à convaincre le plus grand nombre de voter pour "l'ordre et la sécurité"
- En juin, en rupture avec l'exaltation de la résistance française, Renaud rappelle que les Français apportèrent dans l'ensemble un soutien solide au maréchal Pétain, jusqu'à la Libération du territoire. D'autre part, il assimile l'exil londonien de nombreux résistants à une forme de dérobade. Seule la résistance intérieure, incarnée ici par Jean Moulin, trouve grâce à ses yeux.
- La commémoration de la fête nationale et les feux d'artifice qui accompagnent le 14 juillet permettent à Renaud d'affirmer que la Révolution française est restée inaboutie, une révolution au seul bénéfice de la bourgeoisie en quelque sorte.
- En août, le bon peuple de France oublie ses soucis et son aliénation en partant en vacances.
- Renaud revient ensuite sur le coup d'Etat de Pinochet le 11 septembre 1973 au Chili. Appuyé en sous main par la CIA, Pinochet renverse le gouvernement démocratiquement élu de Salvador Allende (qui se suicide dans son palais présidentiel).
- En octobre, le chanteur s'en prend aux fleurons de la gastronomie française, le vin et le fromage.
- En novembre et décembre, Renaud dénonce l'apathie, le conformisme étriqué dans lequel de nombreux Français se confinent. " la bagnole, la télé, l'tiercé, c'est l'opium du peuple de France".



Cette chanson de Renaud sort sur l'album "Amoureux de Paname", en 1975. Le titre remporte aussitôt un grand succès, malgré la censure imposée alors sur les ondes de France Inter. L'originalité des paroles, leur irrévérence expliquent sans aucun doute le statut culte de cette chanson.

Hexagone (Renaud Séchan).

Ils s'embrassent au mois de Janvier,
car une nouvelle année commence,
mais depuis des éternités
l'a pas tell'ment changé la France.
Passent les jours et les semaines,
y a qu'le décor qui évolue,
la mentalité est la même :
tous des tocards, tous des faux culs.

Ils sont pas lourds, en février,
à se souvenir de Charonne,
des matraqueurs assermentés
qui fignolèrent leur besogne,
la France est un pays de flics,
à tous les coins d'rue y'en a 100,
pour faire règner l'ordre public
ils assassinent impunément.

Quand on exécute au mois d'mars,
de l'autr' côté des Pyrénées,
un arnachiste du Pays basque,
pour lui apprendre à s'révolter,
ils crient, ils pleurent et ils s'indignent
de cette immonde mise à mort,
mais ils oublient qu'la guillotine
chez nous aussi fonctionne encore.

Etre né sous l'signe de l'hexagone,
c'est pas c'qu'on fait d'mieux en c'moment,
et le roi des cons, sur son trône,
j'parierai pas qu'il est all'mand.

On leur a dit, au mois d'avril,
à la télé, dans les journaux,
de pas se découvrir d'un fil,
que l'printemps c'était pour bientôt,
les vieux principes du seizième siècle,
et les vieilles traditions débiles,
ils les appliquent tous à la lettre,
y m'font pitié ces imbéciles.

Ils se souviennent, au mois de mai,
d'un sang qui coula rouge et noir,
d'une révolution manquée
qui faillit renverser l'Histoire,
j'me souviens surtout d'ces moutons,
effrayés par la Liberté,
s'en allant voter par millions
pour l'ordre et la sécurité.

Ils commémorent au mois de juin
un débarquement d'Normandie,
ils pensent au brave soldat ricain
qu'est v'nu se faire tuer loin d'chez lui,
ils oublient qu'à l'abri des bombes,
les Français criaient "Vive Pétain",
qu'ils étaient bien planqués à Londres,
qu'y avait pas beaucoup d'Jean Moulin.

Etre né sous l'signe de l'hexagone,
c'est pas la gloire, en vérité,
et le roi des cons, sur son trône,
me dites pas qu'il est portugais.

Ils font la fête au mois d'juillet,
en souv'nir d'une révolution,
qui n'a jamais éliminé
la misère et l'exploitation,
ils s'abreuvent de bals populaires,
d'feux d'artifice et de flonflons,
ils pensent oublier dans la bière
qu'ils sont gourvernés comme des pions.

Au mois d'août c'est la liberté,
après une longue année d'usine,
ils crient : "Vive les congés payés",
ils oublient un peu la machine,
en Espagne, en Grèce ou en France,
ils vont polluer toutes les plages,
et par leur unique présence,
abîmer tous les paysages.

Lorsqu'en septembre on assassine,
un peuple et une liberté,
au cœur de l'Amérique latine,
ils sont pas nombreux à gueuler,
un ambassadeur se ramène,
bras ouverts il est accueilli,
le fascisme c'est la gangrène
à Santiago comme à Paris.

Etre né sous l'signe de l'hexagone,
c'est vraiment pas une sinécure,
et le roi des cons, sur son trône,
il est français, ça j'en suis sûr.

Finies les vendanges en octobre,
le raisin fermente en tonneaux,
ils sont très fiers de leurs vignobles,
leurs "Côtes-du-Rhône" et leurs "Bordeaux",
ils exportent le sang de la terre
un peu partout à l'étranger,
leur pinard et leur camenbert
c'est leur seule gloire à ces tarrés.

En Novembre, au salon d'l'auto,
ils vont admirer par milliers
l'dernier modèle de chez Peugeot,
qu'ils pourront jamais se payer,
la bagnole, la télé, l'tiercé,
c'est l'opium du peuple de France,
lui supprimer c'est le tuer,
c'est une drogue à accoutumance.

En décembre c'est l'apothéose,
la grande bouffe et les p'tits cadeaux,
ils sont toujours aussi moroses,
mais y a d'la joie dans les ghettos,
la Terre peut s'arrêter d'tourner,
ils rat'ront pas leur réveillon;
moi j'voudrais tous les voir crever,
étouffés de dinde aux marrons.

Etre né sous l'signe de l'hexagone,
on peut pas dire qu'ça soit bandant
si l'roi des cons perdait son trône,
y aurait 50 millions de prétendants.

mardi 27 mai 2008

Protests songs avec "2000 ans d'histoire".

Ecoutez l'émission"2000 ans d'histoire", sur France Inter, consacrée aux protests songs, ces chansons contestataires qui fleurirent particulièrement au cours des années 1960. L'interlocuteur de Patrice Gelinet est Charles Gancel, le co-auteur d'un excellent libre sur le sujet, dont je recommande la lecture à tout ceux que le sujet intéresse.

Ci-dessous, la présentation de l'émission sur le site d'Inter:

« Ce qui ressort de ma musique, c’est un appel à l’action. »
Bob Dylan

Au pays du blues, du rock et du folk, c’est en chanson bien sur que quelques musiciens contestataires des années 60 ont exprimé leur révolte contre une Amérique qu’ils n’aimaient pas. Celle de la violence, du conformisme, du racisme et de la guerre du Vietnam. Pendant dix ans, ils ont pesé sur la politique des Etats-Unis en mobilisant derrière eux des centaines de milliers de jeunes américains avec des chansons qui ont fait le tour du monde. C’était l’époque de Pete Seeger, Joan Baez, Nina Simone, Jimmy Hendrix, Janis Joplin, Tom Paxton, Country Joe, les Byrds mais aussi du plus célèbre d’entre eux, qui en entrant un jour dans un café de New York en 1961, allait mettre le feu aux poudres : Bob Dylan.

Plusieurs échantillons sonores rythment la discussion: Bob Dylan "Blowing in the wind", Joan Baez "We shall overcome", Tom Paxton "Lyndon Johnson told the nation",
Country Joe "I feel that I'm fixing to die rag", Aretha Franklin "Respect", Joan Baez et Donovan "Colours".





2000 ANS DHISTOIRE 25.03.2008 - Patrice GELINET - Radio France

Liens:

- Sur l'émission 2000 ans d'histoire.

-
Le blog de Charles Gancel.

lundi 26 mai 2008

42. Bob Dylan:"The time they're A-Changin'".

Le jeune Robert Zimmerman naquit à Duluth dans le Minnesota en 1941. Il arrive à New York à la fin de janvier 1961 et se rend directement à Greenwich Village, un quartier bohème où cohabitent chanteurs, artistes et militants politiques. Admirateur du protest singer vagabond Woody Guthrie, il lui rend des visites fréquentes à l'hôpital. Les deux hommes sympathisent et Dylan fait écouter ses premières compositions au vieux maître, dont une chanson hommage Song to Woody.

  Son second album lui apporte la notoriété grâce à des morceaux incontournables: Blowin' in the wind, Oxford town, Masters of war et Hard rain's a gonna fall (sur le thème de la destruction nucléaire). Sa plume corrosive séduit la jeune génération qui en fait une sorte de guide spirituelle.

Son troisième 30 cm, qui sort en janvier 1964, s'intitule The time they're A-Changin. Avec ce disque, Dylan prouve sa capacité à capter l'air du temps. Avant la concurrence, il décrit avec une rare lucidité le fossé qui se creuse alors entre les générations. Les générations nées après la guerre ou pendant le conflit remettent en cause les valeurs de leurs parents, interrogeant l'American way of life fondée sur une consommation de masse et un accès facilité au confort matériel. De nouveaux modèles apparaissent, qui malmènent le conformisme de la société américaine.


The time they're A-Changin (Bob Dylan)

Come gather ‘round people
Wherever you roam,
And admit that the waters
Around you have grown.
And accept it that soon
You'll be drenched to the bone,
If your time to you
Is worth saving
Then you better start swimming
Or you'll sink like a stone,
For the times they are a-changin'!
Rassemblez-vous braves gens
D'où que vous soyez,
Et admettez qu'autour de vous
L'eau commence à monter.
Acceptez que bientôt
Vous serez trempés jusqu'aux os,
Et que si vous valez
La peine d'être sauvés,
Vous feriez bien de commencer à nager
Ou vous coulerez comme une pierre,
Car les temps sont en train de changer.
Come writers and critics
Who prophesize with your pen,
And keep your eyes wide
The chance won't come again.
And don't speak too soon
For the wheel's still in spin,
And there's no telling who
That it's naming
For the loser now
Will be later to win
For the times they are a-changin'.
Venez écrivains et critiques
Qui prophétisez avec votre plume,
Et gardez les yeux ouverts
La chance ne reviendra pas.
Ne parlez pas trop tôt
Car la roue tourne toujours,
Et elle n'a pas encore dit
Qui était désigné.
Le perdant de maintenant
Pourrait être le prochain gagnant,
Car les temps sont en train de changer.
Come senators, congressmen
Please heed the call,
Don't stand in the doorway
Don't block up the hall.
For he that gets hurt
Will be he who has stalled.
There's a battle outside
And it's raging
It'll soon shake your windows
And rattle your walls
For the times they are a-changin'.
Allons sénateurs et députés
S'il vous plaît écoutez l'appel,
Ne restez pas dans l'embrasure
N'encombrez pas le hall.
Car celui qui sera blessé
Sera celui qui n’a pas avancé.
Il y a une bataille dehors,
Et elle fait rage,
Elle secouera bientôt vos fenêtres
Et ébranlera vos murs,
Car les temps sont en train de changer.
Come mothers and fathers,
Throughout the land
And don't criticize
What you can't understand.
Your sons and your daughters
Are beyond your command,
Your old road is
Rapidly aging.
Please get out of the new one
If you can't lend your hand,
For the times they are a-changin'.
Venez mères et pères
De partout dans le pays,
Et ne critiquez pas
Ce que vous ne pouvez pas comprendre.
Vos fils et vos filles
Sont au-delà de vos ordres,
Votre vieille route
Est en train de vieillir rapidement.
Ne restez pas sur la nouvelle
Si vous ne pouvez pas nous aider,
Car les temps sont en train de changer.
The line it is drawn
The curse it is cast,
The slow one now will
Later be fast.
As the present now
Will later be past
The order is rapidly fading.
And the first one now
Will later be last
For the times they are a-changin'.
La ligne est tracée
La malédiction est lancée,
Ce qui arrive lentement maintenant
Va bientôt s'accélérer.
Comme le présent de maintenant
Sera plus tard le passé,
L'ordre établi change rapidement.
Et le premier maintenant
Sera bientôt le dernier.
Car les temps sont en train de changer.

vendredi 23 mai 2008

41. Phil Ochs:"Freedom riders". (1962)

A la fin des années 1940, le Congress of Racial Equality (CORE) organise une série d'actions non violentes contre la ségrégation raciale dans les bus inter-États. Ces "voyages de la réconciliation rassemblent Blancs et Noirs qui s'assoient ensemble dans les sections des bus réservées aux Blancs.

Quinze ans plus tard, la Cour suprême ayant décidé que la ségrégation dans les bus et les trains étaient anticonstitutionnelle, le CORE, épaulé par le Student Nonviolent Coordinating Commitee (SNCC ou snick), réactive ce type d'actions non violentes avec l'organisation des Voyages de le Liberté (Freedom rides). A partir du 4 mai 1961, des groupes de protestataires noirs et blancs se réunissent et projettent de se rendre de Washington (6) à la Nouvelle Orléans (7), l'arrivée dans la cité du croissant étant prévue pour le 17 mai.

Des Blancs s'assoient donc délibérément avec des Noirs dans des salles d'attente et des restaurants réservés aux Blancs, bravant ainsi les codes locaux de ségrégation. Dès lors, les voyageurs de la liberté sont harcelés, arrêtés, battus à plusieurs reprises. A Rock Hill (Caroline du sud, 1), deux voyageurs sont battus. L'un d'entre eux est arrêté pour avoir utilisé des toilettes réservées aux blancs.
Le 14 mai, à Anniston (Alabama) a lieu l'attaque très violente d'un des bus par une foule haineuse de 200 personnes armées de battes, couteaux et barres de fer. Un cocktail molotov est jeté dans le véhicule, tandis que les portes sont délibérément bloquées. A demi asphyxiés, les passagers réussissent à s'échapper par une issue de secours grâce à des membres de la garde nationale de l'Alabama qui tirent en l'air pour éloigner la foule. Douze riders sont hospitalisés.




Les passagers du second bus (Trailways) sont violemment agressés à leur arrivée à la gare routière de Birmingham (Alabama), le 14 mai 1961, par des membres du Klan. La police de Bull Connor est étrangement absente et n'intervient qu'au bout de quinze minutes. Entre temps, les passagers du Trailways ont été frappés, insultés, meurtris. Aucun des agresseurs n'est arrêté!
Aussi, les freedom riders doivent mettre un terme à leur périple qui devait les conduire à la Nouvelle Orléans. Dans les jours qui suivent, de nouveaux volontaires se présentent pour poursuivre l'initiative.
Le ministre de la justice, Robert Kennedy, le frère du président tente de dissuader les riders. Il entend temporiser et "refroidir" les tensions. James Farmer du CORE lui rétorque: "On a refroidi la vapeur pendant cent ans, si on continue, on va geler sur place".

Des bus repartent ainsi de Nashville, mais la police de Birmingham les arrête le 17 mai. Les voyageurs sont reconduits dans le Tennessee. Sous la protection des forces fédérales, les voyages reprennent néanmoins. Le 20 mai, 21 voyageurs quittent Birmingham en autobus tandis qu'un avion survole la route en permanence. Mais, à Montgomery, la police d’État n'est pas autorisé à pénétrer dans la ville. Une foule en colère mutile et blesse les riders. Même John Seigenthaler, un envoyé spécial de Kennedy, reçoit un coup de barre de fer sur le crâne. La police municipale de Montgomery a donc, avec l'accord tacite du gouverneur de l'Alabama, livré les riders aux coups de la populace déchaînée. Les nombreux blessés sont conduits à l'hôpital de la ville. Robert Kennedy envoie aussitôt 600 marshalls fédéraux pour monter la garde autour de l'établissement. Dans le même temps, Martin Luther King organise à Montgomery un rassemblement de soutien aux "Voyages de la Liberté" dans l'église baptiste de Ralph Abernathy, son bras droit. Dans la soirée, 1500 personnes se trouvent dans l'église assiégée par une foule particulièrement hostile. Robert Kennedy, joint au téléphone par Luther King, exige l'intervention du gouverneur Paterson qui décrète la loi martiale. C'est sous l'escorte de l'armée que les compagnons de King sortent indemnes de l'église.

14 mai 1961. Les Riders sont roués de coups dans la gare routière de Birmingham. [Wiki C.]


L'opération non-violente se transforme en véritable opération militaire. Le 24 mai, deux bus occupés par 27 riders quittent Montgomery pour rallier Jackson (Mississippi, 5). Aucune foule hostile n'attend les voyageurs dans la ville, mais la police se charge d'arrêter les manifestants lorsqu'ils pénètrent dans une salle d'attente réservée aux Blancs. Jugés et reconnus coupables de troubles à l'ordre public (sic) par la justice du Mississippi, ils sont condamnés à 60 jours de détention dans le redoutable pénitencier de Parchman.


Conclusion: Ces voyages ont des conséquences positives, dans la mesure où ils galvanisent les populations noires du sud jusque là très isolées. Surtout, les photographies choquantes des agressions visant les riders révèlent aux Américains la violence des partisans de la ségrégation. Enfin, le gouvernement fédéral se voit contraint d'intervenir. Jusque là J.F. Kennedy ménage autant que possible ses appuis démocrates dans le sud et ne remet pas véritablement en question la ségrégation. Une prise de conscience timide, et non dénuée d'arrière pensées, intervient alors, notamment chez le ministre de la justice, Robert Kennedy.

Le toujours très engagé Phil Ochs dépeint ici la violence qui accompagne ces voyages de la liberté. Il souligne à quel point l'attitude des foules racistes est anachronique. Pour lui, le combat est sur le point d'être gagné et les Etats-Unis pourront alors enfin être considérés comme une grande démocratie.

 


Phil Ochs:"Freedom riders". Jackson, mississippi, is a mighty white town,
The white folks they like to keep the black folks down

They think they'll be allright, but there's gonna be a fight
And they'll have to share that freedom crown,

Yes, they'll have to share that freedom crown.

Freedom riders roll along
Freedom riders wont be long
Wont be long.

They boarded a bus in washington d.c.

To enter a state half slave and half free

The wheels hummed a song and they sang along
The song of liberty, the song of liberty.
*chorus*

(...)

*chorus*

One of these days and it wont be long
The solid south is gonna sing another song
They'll understand that a mans not a man til he has all the freedoms of the land.

*chorus*


....................................................

Jackson, Mississippi, est une ville blanche puissante /
Les Blancs aiment y dominer les Noirs /
Ils pensent qu'ils seront bien ainsi, mais il va y avoir du grabuge /
Et ils vont avoir à partager cette couronne de liberté /
Oui, ils devront la partager. /
Les Freedom riders arrivent /
Les Freedom riders ne tarderont pas /
ils ne tarderont pas. /
Ils sont montés dans un bus à Washington D. C. /
Pour pénétrer dans un Etat mi-esclave mi-libre /
Des roues montaient un air, elles entonnaient /
la chanson de liberté, la chanson de liberté.

Un de ces jours, sans tarder /
Le profond chantera une nouvelle chanson /
Ils comprendront qu'un homme n'est pas un homme /
tant qu'il ne profite pas de toutes les libertés du pays.

Sources:
- Y. Delmas et C. Gaancel:"Protest song. La chanson contestataire dans l'Amérique des sixties", Textuel, 2005.
- N. Bacharan:"Histoire des Noirs américains au XXème siècle", Complexe, 1994.
- "Freedom. Une histoire photographique de la lutte des Noirs américains, Phaïdon, 2005.

mercredi 21 mai 2008

40: Earl Sixteen: "Malcolm X".



Malcom Little est né en 1925 à Omaha, dans le Nebraska. Son père, pasteur, est un adepte du nationalisme noir défendu par Marcus Garvey, ce qui lui vaut l'animosité des populations blanches de la ville. En 1928, le Klan incendie sa maison. Trois ans plus tard, il est écrasé par un tramway, dans des conditions suspectes. La famille plonge dans la misère. Madame Little est internée après avoir sombré dans la dépression. Une famille d'accueil blanche s'occupe alors du petit Malcom.
"Ils m'aimaient comme ils aimaient leurs animaux domestiques", affirmera-t-il plus tard.



Élève brillant, il aspire à devenir avocat, mais un professeur lui rétorque:"Sois réaliste, tu n'es qu'un nègre". Il quitte bientôt l'école et exerce de petits boulots à Boston, puis Harlem, avant de plonger dans la délinquance. Chef de bande, il s'adonne à la contrebande, aux vols... Arrêté en 1946, il passe alors sept ans en prison où il découvre la Nation of islam, une secte fondée en 1930 et présidée par Elijah Muhammed.
La conversion de Malcom Little a l'islam le transforme profondément. A sa sortie de prison, il se fait désormais appeler Malcom X. Ce X symbolise le nom africain perdu:" J'ai abandonné mon nom d'esclave. (...). Je m'appelle X parce que je ne sais pas quel est mon vrai nom".

Orateur brillant, Malcom X devient rapidement le porte-parole officiel des Musulmans noirs et le second d'Elijah Muhammed. La doctrine de ce dernier affirme la supériorité de la race noire et assimile l'homme blanc à un "démon aux yeux bleus". Il prêche un séparatisme radical, dont le but serait l'attribution de plusieurs États de l'Union aux Noirs.
Malcom X, dans des prêches enflammés, affirme le droit à l'autodéfense et fustige la stratégie non-violente de Martin Luther King, "la meilleure arme" de l'homme blanc. Il se proclame Noir et non Américain, parle de la beauté et du pouvoir noirs, enfin il refuse l'intégration.

Son charisme médiatique lui attire bientôt des inimitiés au sein de la Nation of islam. Une déclaration provocatrice à la mort de J. F. Kennedy le marginalise davantage encore. Muhammed l'interdit alors de déclaration publique pendant 90 jours. En 1964, Malcom X quitte la Nation of islam et fonde l'Organization of African American Unity. Débarrassé de son mentor, il entend désormais agir politiquement.

Le nationalisme noir tel que le conçoit X implique de "contrôler la politique et les politiciens de notre communauté, (...) contrôler l'économie de notre communauté", c'est-à-dire les États peuplés majoritairement de Noirs. Il plaide pour un État séparé ou un retour en Afrique, terre originelle des Afro-Américains. A partir de 1964, il infléchit pourtant son discours en admettant que les Noirs doivent rester aux États-Unis. Le respect de leurs droits et libertés doit être arraché "par tous les moyens nécessaires", quitte à utiliser la violence donc.

Au printemps 1964, il se rend en pèlerinage à La Mecque et visite des pays du Proche-Orient et d'Afrique du nord. Ces voyages modifient en profondeur sa pensée. Il côtoie alors des musulmans "aux yeux du bleu le plus bleu, aux cheveux du blond le plus blond, et à la peau du blanc le plus blanc", ce qui le poussera à déclarer publiquement à son retour en Amérique:"Je n'approuve plus la condamnation d'une race entière (...) Je ne suis pas raciste et je n'approuve aucune croyance raciste".

Au début de 1965, Malcom X se rend à Selma en Alabama afin de soutenir la campagne de la SCLC de Martin Luther King et du SNCC. S' il a eu des mots très dur à l'égard de Luther King, Malcom X n'en partage pas moins avec lui la conviction qu'il est nécessaire d'inscrire le plus de Noirs possibles sur les listes électorales (ce qui est l'objet des marches de Selma). Les deux grands leaders ne se sont rencontrés, furtivement, qu'une seule fois en 1964, mais King, conscient de l'évolution intime de X, n'exclut plus la possibilité d'un rapprochement.

Malcom X prononce alors un discours lourd de sous-entendus: "les gens feraient mieux de donner [à King] ce qu'il demande, et de le lui donner vite, avant que d'autres groupes ne se présentent et n'essayent d'y parvenir d'une autre façon. Ce qu'il demande est juste, c'est le bulletin de vote, (...) et ce sera obtenu d'une manière ou d'une autre".
Le 21 février suivant, Malcom X est abattu de seize balles tirées à bout portant. La police conclut à une vengeance des Musulmans noirs, mais d'autres enquêtes ultérieures conclurent au rôle possible du FBI, de la CIA, ou même de la Mafia.

Avec son titre sobrement intitulé "Malcom X", Earl Sixteen rend un hommage poignant à ce théoricien du black power dont la popularité ne s'est jamais démentie.

39. George Perkins & The Silver Stars - Cryin' in the streets


Le 4 avril 1968, Martin Luther King se trouve sur le balcon du Lorraine Motel de Memphis lorsqu'il reçoit une balle qui lui fracasse la mâchoire avant de lui briser la colonne vertébrale. Il décède à l'hôpital peu après. La nouvelle de sa mort se répand comme une traînée de poudre et provoque une explosion de violences. Des émeutiers, ivres de colères, descendent dans les rues de plus d'une centaine de villes pour s'y livrer au pillage. Ils brûlent, volent, cassent. Des quartiers entiers de Chicago sont en flamme. Plus de 700 incendies éclatent à Washington. L'armée est mobilisée. Bilan de ces jours de colère: 46 morts, 3000 blessés, 27 000 arrestations.

Le 7 avril est décrété jour de deuil national par le président Johnson. L'enterrement se déroule à Atlanta le 9. L'épitaphe gravé sur son tombeau est tiré d'un des cantiques favoris du pasteur:"Enfin libre, enfin libre, merci Dieu tout-puissant, je suis enfin libre".
George Perkins et ses silver cats évoquent dans le déchirant Crying in the street, le désarroi des Afro-américains à l'annonce du décès du dr King. Ce titre est un sublime exemple de deep soul sudiste, profonde et émouvante.

"I hear somebody crying / "J'entends quelqu'un pleurer /
Crying in the streets, / Pleurer dans les rues, /
Why they make that, / Pourquoi faut-il que /
That moanin' cry ?" Quelqu'un pleure et gémisse ainsi?"

Sources:
- N. Bacharan:"Histoire des noirs américains au XXème siècle", éditions Complexe, 1994.
- P. Guralnick: "Sweet soul music", Allia.

mardi 20 mai 2008

38. Jean Roger Caussimon:"Les milices" (1975)

Jean Roger Caussimon.

Auteur de très nombreuses chansons, Jean-Roger Caussimon pourfend dans ses compositions les conservatismes et réactionnaires de tout poil.
Ici, il décrit une société malade dans laquelle la survie ne tiendrait qu'à l'élimination de l'ennemi, "l'autre". Dans ces conditions, l'autodéfense est de mise, le repli sur sa petite communauté, "entre gens bien", s'impose. Les miradors se dressent, les grilles se ferment, les caméras de surveillance fleurissent.
Si la musique a un peu vieilli, le texte n'a en revanche (malheureusement) pas pris de rides.



Jean Roger Caussimon:"Les milices" (1975).

Préparez vos fusils et créez vos milices
Nostalgiques du tir et chasseurs sans gibiers
"Des fois que des loubards viendraient dans le quartier"
Vivez votre penchant, soyez de la police...
A l'abri des volets de vos pavillons tristes
Meublez vos insomnies jusqu'au jour incertain
Car la rue est peuplée de sombres anarchistes,
De noirs, de portugais et de nord-africains...

Vous, vous êtes français, français à part entière
Même anciens combattants et parfois résistants
Et cet obscur chemin de torture et de sang
"Certains le referait s'il était à refaire"...
Vous avez mérité avant le dernier souffle
De vivre dans le calme et la tranquillité
D'endosser vos gilets, de chausser vos pantoufles
Et de fermer les yeux sur la réalité...

Mais la réalité déferle à votre porte
Vous ne comprenez rien à sa vague rumeur
Et vous confondez tout, parfois vous avez peur
D'un signe avant-coureur que le vent vous apporte...
Vous percevez des pleurs et des cris de souffrance
Des chants liberté, l'écho d'un attentat
Vous pensez que la guerre est encore loin de France
Et vous faites confiance à votre chef d'état...

"Étudiants et voyous c'est bien la même engeance!"
C'est écrit noir sur blanc, dans votre quotidien
Faites dresser des murs et dressez votre chien
Pensez dès maintenant à votre auto-défense...
Et quand des jeunes gens défilent en cortège
Toujours on vous les peint veules et fainéants
Alors vous les reniez, vous tombez dans ce piège
En oubliant qu'ils sont enfants de vos enfants...

Ils savent mieux que nous, de quoi le monde crève
Que le temps des robots vient à pas de géants
Qu'on sacrifie l'Esprit au profit de l'argent
Comme on tue la nature, la joie et le rêve...
Préparez vos fusils et créez vos milices
Nostalgiques du tir et chasseurs sans gibiers
"Des fois que des loubards viendraient dans le quartier"
Suivez votre penchant, soyez de la police...

dimanche 18 mai 2008

37. Bob Dylan:"Blowin' in the wind".

Robert Zimmerman naît à Duluth, Minnesota, en 1941. A peine arrivé à New York la fin de janvier 1961, le jeune homme se rend directement à Greenwich Village, le quartier bohème où cohabitent chanteurs, artistes et militants politiques. Admirateur du protest singer vagabond Woody Guthrie, Dylan rend de fréquentes visites  à son mentor. Les deux hommes sympathisent et Dylan fait écouter ses premières compositions au vieux maître, dont une chanson hommage Song to Woody.
 Après un premier disque confidentiel, Dylan enregistre en janvier 1963 The Freewheelin' Bob Dylan. Suze Rotolo, sa petite amie de l'époque (qui l'accompagne sur la pochette de l'album), sensibilise le chanteur à la situation sociale souvent explosive de l'Amérique des sixties. Les titres qui composent l'album comptent ainsi plusieurs chansons engagées, à l'instar de Blowin' in the wind.. 
Les grincheux reprocheront à Dylan de ne poser ici que des questions. C'est vrai, mais plutôt que de proposer des réponses fermées, il pose de bonnes questions, ouvertes. Et comme le dit Joan Baez:"La plupart des protest songs parlants de la bombe et des préjugés raciaux sont stupides parce qu'ils n'ont aucune beauté. Ceux de Bob sont puissants comme la poésie et la musique même".



Blowin' in the wind (B. Bylan).
How many roads must a man walk down
Before you call him a man?
Yes, 'n' how many seas must a white dove sail
Before she sleeps in the sand?
Yes, 'n' how many times must the cannon balls fly
Before they're forever banned?
The answer, my friend, is blowin' in the wind,
The answer is blowin' in the wind.

Combien de routes un homme doit-il parcourir
Avant que vous ne l'appeliez un homme?
Oui, et combien de mers la blanche colombe doit-elle traverser
Avant de s'endormir sur le sable?
Oui, et combien de fois doivent tonner les canons
Avant d'être interdits pour toujours?
La réponse, mon ami, est soufflée dans le vent,
La réponse est soufflée dans le vent.

How many times must a man look up
Before he can see the sky?
Yes, 'n' how many ears must one man have
Before he can hear people cry?
Yes, 'n' how many deaths will it take till he knows
That too many people have died?
The answer, my friend, is blowin' in the wind,
The answer is blowin' in the wind.

Combien de fois un homme doit-il regarder en l'air
Avant de voir le ciel?
Oui, et combien d'oreilles doit avoir un seul homme
Avant de pouvoir entendre pleurer les gens?
Oui, et combien faut-il de morts pour qu'il comprenne
Que beaucoup trop de gens sont morts?
La réponse, mon ami, est soufflée dans le vent,
La réponse est soufflée dans le vent.

How many years can a mountain exist
Before it's washed to the sea?
Yes, 'n' how many years can some people exist
Before they're allowed to be free?
Yes, 'n' how many times can a man turn his head,
Pretending he just doesn't see?
The answer, my friend, is blowin' in the wind,
The answer is blowin' in the wind.

Combien d'années une montagne peut-elle exister
Avant d'être engloutie par la mer?
Oui, et combien d'années doivent exister certains peuples
Avant qu'il leur soit permis d'être libres?
Oui, et combien de fois un homme peut-il tourner la tête
En prétendant qu'il ne voit rien?
La réponse, mon ami, est soufflée dans le vent,
La réponse est soufflée dans le vent.