samedi 16 mars 2024

"I'm in love with Magaret Thatcher". L'entrée en scène de la "voleuse de lait".

Première britannique pendant 11 ans, Margaret Thatcher a laissé une trace profonde, au point que l'on a pu parler d'années Thatcher. Elle a suscité admiration, haine, mais a aussi inspiré les musiciens pour lesquels elle devint parfois une muse, bien malgré elle. [ce post est disponible en podcast en cliquant  ici]

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Trust : "Misère" "Thatcher te coûte cher / Angleterre, Angleterre; / Sur tes murs se lit la misère / Misère"

Thatcher naît le 13 octobre 1925 à Grantham, Midlands, dans un logement situé au dessus de l'épicerie paternelle. Alfred Roberts, le père, libéral, très antisocialiste, considère que, pour être bien vu, il faut travailler dur, épargner, n'acheter qu'en fonction de ses moyens. Au cours des années 1930, il rallie le parti conservateur (1) Son échoppe se situe dans un quartier très populaire, si bien que, petite fille, Maggie croise des chômeurs, licenciés de l'usine locale de construction de locomotives, durement frappée par la crise économique. et s'impose comme un commerçant prospère, une figure politique locale et un prédicateur méthodiste écouté. Il a une influence déterminante sur sa fille, contribuant à façonné sa mentalité, en particulier l'idée selon laquelle l'individu, souverain, doit être placé au dessus de tout. A son contact, la petite Margaret se familiarise avec de nombreux préceptes moraux et chrétiens. Sensible à la "culture du bas de laine", elle fait sien l'adage suivant: "Qui n'épargne pas un sou n'en aura jamais deux." Poussé par son père, elle étudie la chimie à Oxford et y devient la présidente des étudiants conservateurs. 

Thorvaldsson, CC BY-SA 3.0 , via Wikimedia Commons

En 1998, Ewan McColl chante "The grocer", charge frontale contre une fille d'épicier qui a désossé la nation pour la vendre aux plus offrants. "Une fois derrière le comptoir de l'épicerie paternel / Elle vendait du beurre, de la confiture, de la farine et tout le reste; / Mais, maintenant que la marchandise a changé / Les anciens prix ne s'appliquent plus; / Elle vend la nation en lots à tous ceux qui veulent l'acheter."
Pour les Blow Monkeys, "elle n'est qu'une fille d'épicier" ("she was only a grocer's daugther", 1987), "un titre inutilement méprisant puisque la force de Thatcher venait entre autres de sa fierté de ses origines modestes." (source E p176)

Thatcher en 1975. Marion S. Trikosko, Public domain, via Wikimedia Commons

Au lendemain de la guerre, les travaillistes au pouvoir posent les bases du Welfare State qui implique un fort interventionnisme de l'Etat, la gratuité de l'enseignement et des soins médicaux indispensables, une couverture sociale pour lutter efficacement contre la pauvreté. Dans cette optique, seule la puissance publique peut accroître le bien être et l'égalité, dans une société capitaliste.

En 1951, Margareth Roberts épouse Denis Thatcher, un businessman de 11 ans son aîné, qui sera pour elle un soutien indéfectible. Mère de jumeaux, elle mène de front études de droits et vie de famille, tout en se présentant aux législatives. Après un échec initial, elle est finalement élue à la Chambre des communes en 1959. Députée conservatrice, elle n'est encore qu'une figure secondaire. En 1961, elle soutient l'adoption au parlement de la flagellation et de la bastonnade des jeunes délinquants. Déjà à la pointe du progressisme, elle considère que les évangiles soulageront toujours mieux la souffrance et la pauvreté que les services sociaux de l'Etat. Elle est alors très influencée par Keith Joseph, un partisan acharné du monétarisme (2), convaincu de la nécessité de libéraliser l'économie. En ces années de formation, elle fait sienne les théories défendues par l'économiste autrichien Hayek, pour lequel le marché s'auto-corrige, rendant désastreuse toute ingérence gouvernementale dans l'économie. Dans cette conception, l'Etat perpétue les classes sociales , étouffe la société; seul le marché, par la chance qu'il offre à chacun, peut abolir les inégalités et les privilèges. Conformiste, conservatrice, traditionaliste, à la droite du parti, ambitieuse, Thatcher n'entend pas se contenter de postes subalternes, visant au contraire les ministères traditionnellement réservés aux hommes (économie, finances, la diplomatie, la guerre). Elle accède finalement à la notoriété en 1970, en devenant secrétaire d'État à l'éducation dans le gouvernement Heath. L'année suivante, elle décide de supprimer la distribution gratuite de lait instaurée dans les écoles. Cette mesure déclenche une tempête de protestation et vaut à la femme politique le surnom de "voleuse de lait" (milk snatcher). (3) Ce surnom inspire "Maggie Thatcher was a milkie snatcher" au groupe Abstract Green et "Snatcher" à ou Limiñanas.

A la chute du gouvernement Heath, en 1974, Thatcher devient chef de l'opposition aux gouvernements travaillistes de Harold Wilson, puis de James Callaghan. (4) Ne disposant que de faibles marges de manœuvre, les travaillistes n'en déçoivent pas moins leur électorat traditionnel en adoptant une politique sociale hostile aux salariés. Face à l'inflation galopante, le gouvernement plafonne les salaires, ce qui provoque un gigantesque mouvement de grève. A l'automne 1978, alors que le Royaume-Uni connaît une inflation galopante (+10% par an), le gouvernement travailliste de Callaghan décide d'un plafonnement des augmentations salariales (+5% maximum) pour la quatrième année consécutive. Cette décision provoque un gigantesque mouvement de grèves. Parti des usines Ford, il gagne de proche en proche les autres secteurs industriels (secteur public, routiers). Le taux de syndicalisation est alors élevé (jusqu'à 13,4 millions de salariés, 2/3 dans le privé, 1/3 dans le public). Par leur capacité de mobilisation rapide, les trade unions disposent d'un pouvoir considérable.

A lissue de "l'hiver du mécontentement", d'octobre 1978 à mars 1979, les conservateurs parviennent à revenir au pouvoir à la faveur d'une motion de censure contre le gouvernement Callaghan. Au cours de la campagne, Thatcher agite l'épouvantail du chaos social et l'emporte. (5) Cette même année 1979, les punks de Not Sensibles déclarent déjà leur flamme à la nouvelle première ministre dans l'ironique "I'm in love with Margaret Thatcher". "Oh, Margaret Thatcher est tellement sexy / C'est la fille qu'il te faut et moi, je deviens rouge quand elle passe à la télé / Parce que je pense qu'elle m'aime bien."


La première ministre peut lancer sa grande offensive idéologique. Prétendant que l'Etat serait écrasé sous le poids du secteur public, elle engage la vente des grandes entreprises nationalisées (énergie, eau, automobile). L'objectif affiché est d'introduire de la concurrence, d'augmenter l'efficacité, d'améliorer le rapport coût/bénéfice et de transférer la propriété du capital aux particuliers. Loin de créer un capitalisme populaire, ces privatisations contribuent à la concentration des richesses aux mains du capital et à creuser les inégalités sociales. Comme les conservateurs considèrent la propriété individuelle comme le fondement de la sécurité, une loi facilitant l'accession à la propriété des locataires est adoptée. Cette mesure ouvre une crise du logement majeure, car la nouvelle législation interdit aux collectivités locales de réinvestir l'argent des ventes dans la construction de nouveaux logements ou dans la rénovation des anciens. Ce choix entraîne une très forte hausse des loyers du secteur privé, rendant les logements inaccessibles. De même, si pour les promoteurs, débarrassés de toute contrainte réglementaire, les travaux des docks de Londres constituèrent de formidables opportunités immobilières, ils précipitèrent la disparition des vieux quartiers ouvriers, balayés par la gentrification galopante. 


Avec "Tatcherites", Billy Bragg dénonce le traitement de choc imposé par Thatcher à l'Angleterre. "Vous privatisez ce qui nous appartient / Vous privatisez et ensuite, vous nous faites payer / Ouais, nous le reprendrons un jour / Notez mes paroles, notez-les." La dérégulation totale des marchés permet de faire de la City la première place financière au monde. Les golden boys affluent à Londres, ce dont se moque Harry Enfield, dans "Loadsamoney", une caricature détonante de l’image matérialiste et exagérément individualiste de Thatcher, obsédée par l’accumulation d’argent et de biens matériels.

Le choix de surévaluer la livre et d'augmenter les taux d'intérêt contribuent à la réduction massive du secteur industriel. Les entreprises occidentales délocalisent leur production en Asie, entraînant une désindustralisation de très grande ampleur, particulièrement sensible dans les bastions industrielles du Nord de l'Angleterre ou du Pays de Galles. Thatcher entend administrer un traitement de cheval au pays, afin que sa productivité passe du trot au galop. En 1981, le Ghost town des Specials rend responsable le gouvernement de la récession économique. Le titre évoque le chômage des jeunes, ses conséquences économiques et culturelles. Le manque d'argent empêche les jeunes de sortir, entraînant la fermetures des boîtes de nuit et transformant les métropoles industrielles en villes fantômes. « Cette ville se transforme en ville fantôme / Pourquoi les jeunes doivent-ils se battre entre eux / Le gouvernement les laisse sur le banc de touche / Cet endroit devient une ville fantôme / Aucun emploi à pourvoir dans ce pays / Cela ne peut plus durer / La colère gagne la population». De nombreux ménages doivent s'endetter. Le pays se fracture, le nombre de chômeurs s'envole.

En accord avec Ronald Reagan (6), qui vient d'accéder à la présidence des Etats-Unis en 1981, Thatcher encourage la compétition entre individus, réduisant autant que possible les aides de l'Etat. Pour elle, "la société n'existe pas. Il existe un tissu vivant d'hommes et de femmes, et la qualité de nos vies dépend de la disposition de chacun de nous à se prendre en main." Reagan dénonce les "welfare queens", les reines de l'aide sociale, des profiteuses qui feraient des gosses pour vivre aux crochets de la société. Au fil des discours, elle s'emploie à dessiner le portrait du mauvais pauvre, qui prend les traits du chômeur bénéficiant d'aides indues qui l' entretiendraient dans l'oisiveté. "Le chômage est une injure à la rationalité économique. La mentalité qui en résulte est que les chômeurs se contentent de vivre aux dépens de l'Etat, sans vraiment ressentir la nécessité de bouger ou de trouver du travail", dixit Maggie.

En 1965, Bob Dylan publie "Maggie's farm". Les paroles, qui ne se réfèrent pas à Thatcher, décrivent pourtant l'exploitation dont sont victimes ceux qui y sont employés, comme une métaphore de l'Angleterre sous la férule de Maggie. Les Blues Band et les Specials reprennent le titre dont ils adaptent les paroles au contexte britannique. Chez les premiers, ce n'est plus la garde nationale qui est en faction devant la chambre du papa de Maggie, mais le Special Patrol Group, l'unité de police métropolitaine de Londres en charge de la répression et coutumière des bavures. Si la victoire de Thatcher en 1979 s'est accompagnée d'un effondrement du vote du National Front, c'est aussi parce que la conservatrice a repris à son compte les idées racistes du parti d'extrême-droite dans son programme de campagne, une récupération que dénonçait déjà le dub poet LKJ, fustigeant le "show raciste" de Maggie dans son titre It Dread inna England. (source E p 62) "Quoi qu'ils en disent, quoi qu'il arrive, nous, Africains, Idiens et Caribéens, nous sommes aujourd'hui ici pour rester, dans cette Angleterre."

En avril 1981, la Metropolitan Police lance l'Operation Swamp 81, un nom qui se réfère au discours de Thatcher sur le risque d'être "submergé" par les immigrés. Les policiers ont désormais un blanc seing pour interpeller et fouiller n'importe quel individu. Des émeutes éclatent alors à Brixton, dont la jeunesse est confrontée au harcèlement policier et au chômage. En 1983, "Di great Insohreckshan" de LKJ décrit la joie qui s'empare d'une jeunesse poussée à la révolte par des contrôles au faciès humiliants. 


Thatcher s'emploie ensuite à démanteler le National Health Service, le système de santé hérité de l'après-guerre, basé sur la gratuité. En 1948, Dans le cadre du Welfare statele gouvernement travailliste de Clement Attlee s'était employé à adoucir le sort des plus faibles. L'Etat prenait en charge les hôpitaux du pays, gérés jusque-là par des organismes de charité. Le système était financé par l'impôt. Pour remettre en cause cet héritage, Thatcher invoque la défense du choix, en appelle à la sous-traitance, à l'externalisation, à la privatisation de la couverture sociale. Selon elle, l'existence d'une couverture maladie universelle prive les gens de choix (mensonge dans la mesure où ceux qui souhaitent peuvent sortir du système de santé publique en se dotant d'une couverture de santé privée ou d'assurances). Sous prétexte d'équilibrer les comptes publiques, début septembre 1982, elle engage un plan de réduction des dépenses de l'Etat. Les think tanks libéraux souhaitent développer le recours à l'assurance privée, ce qui, à terme, signifierait la fin du service public de la santé. Face aux résistances rencontrées - grève des infirmières, opposition au sein même du parti conservateur - elle doit reculer, mais l'entreprise de sape est en marche.

Le 2 avril 1982, l'armée argentine envahit le minuscule archipel des Malouines devenu britannique en 1933 (Falklands en anglais). Thatcher engage le Royaume Uni dans la guerre, attise la fibre nationaliste et en appelle à l'union nationale. Convaincue de son bon droit, elle récuse tout compromis, envoie les soldats sur place, recherchant une victoire totale. Si dans un premier temps, le conflit remplit les carnets de commande, offrant du travail aux ouvriers britanniques des arsenaux, elle les contraint ensuite à se battre et parfois à mourir pour quelques tas de cailloux perdus dans l'Atlantique sud. Cette situation inspire le subtil Shipbuilding à Elvis Costello. Dans un registre beaucoup plus brutal, le groupe anarcho-punk Crass enregistre "How does it feel" (1982), une violente charge contre Maggie, considérée comme la responsable des victimes britanniques de la guerre et dont le refrain clame: "qu'est-ce que ça fait d'être la mère d'un millier de morts?"  


La victoire aux Malouines redonne de l'assurance à Thatcher, après trois premières années de mandat difficile. Les Britanniques, convaincus que le Royaume-Uni était sur le déclin depuis la fin de la seconde guerrre mondiale, retrouvent une forme de fierté nationaliste. Celle qui battait jusque-là des records d'impopularité, parvient à remporter une victoire électorale inespérée aux élections de juin 1983. The Exploited, groupe de la seconde vague punk, enregistre"Let's start a war", dénonciation de l'instrumentalisation du conflit. "Commençons une guerre, dit Maggie un jour / Avec les masses de chômeurs, nous allons simplement nous en débarrasser / Cela ne les dérangera pas, ils partiront comme des moutons".

Le début du premier mandat de Maggie Thatcher a suscité l'irritation des artistes, puis leur indignation, mais les Britanniques sont encore loin d'avoir tout vu, ce que nous découvrirons dans un prochain billet.  


Notes:

1. Il soutient au départ le parti libéral, mais s'en détache lorsqu'il se lance dans d'importantes réformes sociales (mise en place d'un système de retraite pour les plus de 70 ans, impôt sur la fortune).

2. Les partisans du monétarisme considère que le contrôle de l'inflation doit supplanter toute autre considération économique; ce qui constitue une rupture avec le consensus de l'après-guerre.

3. La distribution, instaurée par les travaillistes au lendemain de la guerre, était le symbole de l'Etat providence, destiné à réduire les inégalités résultant de la pauvreté et de la malnutrition. 

4. Conservateur modéré, Heath était un tenant du paternalisme social, acceptant de maintenir un Etat-providence raisonné. Au milieu des années 1970, une fronde est menée au sein du parti conservateur par Thatcher et ses amis. Ces idéologues imposent alors leur doctrine, leur politique et leur action. 

5. Elle lance: "Quiconque a vécu dans ce pays au cours des cinq dernières années ne peut ignorer le déséquilibre de notre société, en faveur de l'Etat et au détriment des libertés individuelles. Cette élection, c'est notre dernière chance d'inverser le processus, de redonner le pouvoir aux gens."

6. Ancien acteur de série B et président du syndicat des acteurs, devient président des Etats-Unis deux ans après Thatcher. Bien qu'ayant des caractères très dissemblables, ils sont de la même génération et partagent une grande proximité idéologique. Ils prônent une défense forte, une fiscalité basse et poursuivent la lutte contre le communisme. Tous deux sont des adeptes des économistes de l'école de Chicago (Friedman), adeptes d'une déréglementation la plus poussée possible. 

 
Sources:
A."Margaret Thatcher, la chute", la Grande traversée sur France Culture.

B.  Cultures Monde: "This is England: Margaret on the guillotine"
C. Jean-Marie Pottier : "Margaret Thatcher, la meilleure amie du rock anglais", Slate

D. "Une playlist pour Miss Maggie." [pointculture.be] 

E. "33 Révolutions par minute. Une histoire de la contestation en 33 chansons", vol. 2, Editions Payot & Rivages, 2012.

samedi 2 mars 2024

"La rage" de Keny Arkana, "car ce monde ne nous correspond pas" (2006)

 


"La rage car ce monde ne nous correspond pas"

D’origine argentine par son père qu’elle n’a pas connu enfant, marseillaise par sa mère, Keny Arkana, dont le vrai nom n’a jamais été divulgué, est née en 1982 en région parisienne. Ses années 1990 sont marquées par les allers-retours entre le domicile maternel à Marseille, les foyers dont elle fugue autant qu’elle peut, et la rue qui l’a forgée. Cette rue, dont elle loue la liberté sans l’idéaliser, a inspiré le titre de son premier album Entre ciment et belle étoile (2006) dont est issu le titre « La Rage du peuple », enregistré en 2005. Après des années de galère, qui ont forgé son caractère et nourri ses chansons, elle accède à la notoriété au début des années 2000. Dans une ville qui en a fait une religion, le rap la sauve. Elle obtient de haute lutte des éducateurs et de sa mère de pouvoir participer aux ateliers de Namor à la Friche de la Belle-de-Mai. C’est le début d’une carrière singulière. Elle refuse de jouer le jeu du show-business : elle annule des tournées de concerts mais maintient les « assemblées populaires » qui les accompagnent, crée son propre label, refuse les réseaux sociaux. Elle parvient à percer tout en restant indépendante, fixe ses propres règles, quitte à disparaître des radars. « Contestatrice qui fait du rap », plutôt que rappeuse, elle ne met pas en avant son genre, pas plus qu’elle ne donne dans l’ego trip. Comme Médine ou Youssoupha, elle interroge de manière engagée les problèmes de notre planète. Et elle s’offre le luxe d’être reconnue dans le monde du rap tout en critiquant ses codes.

Son premier album est disque d’or et la fait connaître auprès du public. Il se nourrit des débats altermondialistes du nouveau millénaire. Keny Arkana s’en inspire pour faire sortir la « rage » qui est en elle. Elle y multiplie les bruits de manif et les collages sonores dans plusieurs langues (français, espagnol, anglais) qui font écho au bouillonnement qui s’exprime alors dans les forums sociaux mondiaux auxquels elle participe. Militante et activiste, Keny Arkana prône la « mondialisation de la rébellion » depuis 2006. Suite à la pandémie, ses tendances complotistes, déjà perceptibles dans certains de ses morceaux, se sont exacerbées : elle s’affirme aujourd’hui antivax, et a annoncé quitter le pays …


La rage du peuple

 En un peu moins de 5 minutes, Keny Arkana résume la vision qu’elle a du monde, alors que les banlieues françaises viennent de connaître des émeutes sans précédent et que Nicolas Sarkozy est aux portes du pouvoir. La précision et la rudesse de son diagnostic frappent en dépit de quelques généralités et approximations. Mais Keny les assume dans un autre titre de l’album : « Je n’ai vu que les violences du système donc excuse mon manque de nuances ». Le monde de Keny Arkana est en effet séparé en deux, entre ceux qu’elle identifie comme des « ennemis » ou "Babylone" et ceux qui ont la rage.

 Le titre du morceau fait référence à l'une de ces luttes menée au sein du colectif La Rabia del Pueblo. Son site internet porte d'ailleurs toujours ce nom. Il s'agit au départ de lutter contre un projet de rénovation urbaine dans le quartier de Noailles à Marseille. Composé d'artistes et de militants, dont Keny Arkana, il dénonce la gentrification à l'oeuvre à Marseille. Un processus qu'elle ne cesse de dénoncer comme dans le morceau "Capitale de la rupture", au moment où la ville devient capitale de la culture européenne en 2013.




Les images du clip offrent, comme souvent chez Keny Arkana, un feu d'artifice de tout ce qui ne va pas dans le monde de 2005: guerres, atteintes à l'environnement, capitalisme destructeur, violences policières, conflit israélo-palestinien... Ce patchwork est fait pour insister sur ce qui doît être combattu. Il alterne avec des images des luttes et des mobilisations auxquelles l'artiste participe elle-même beaucoup.
Dans le clip, on voit ainsi des images des luttes du monde entier. En Asie, en Afrique, en Amérique latine, en Europe. L'une des figures aperçues, à laquelle Keny Arkana fait toujours référence, est le sous-commandant Marcos dont elle salue le combat au Chiapas (Mexique). On le voit saluer la foule et un de ses messages est montré à la fin du clip, en guise de conclusion et d'invitation à la lutte.

 


 

La rage du peupleLa rage du peupleLa rage du peupleLa rage du peuple
Ok, on a la rage mais c'est pas celle qui fait baverDemande à Fabe, la vie claque comme une semelle sur les pavésLa rage de voir nos buts entravés, de vivre en traversLa rage gravée depuis bien loin en arrièreLa rage d'avoir grandi trop vite quand des adultes volent ton enfanceBah, imagine un mur et un bolideLa rage car impossible est cette paix tant voulueLa rage de voir autant de CRS armés dans nos ruesLa rage de voir ce putain d'monde s'autodétruireEt que ce soit toujours des innocents au centre des tirsLa rage car c'est l'homme qui a crée chaque murSe barricader d'béton, aurait-il peur de la nature?La rage car il a oublié qu'il en faisait partieDésharmonie profonde, mais dans quel monde la colombe est partie?La rage d'être autant balafré par les piquants des normesEt puis la rage, ouais la rageD'avoir la rage depuis qu'on est môme
on restera debout quoi qu'il arrive(La rage) d'aller jusqu'au bout et là où veut bien nous mener la vie(Parce qu'on a la rage) on pourra plus s'taire ni s'asseoirDorénavant on s'tiendra prêt parce qu'on a la rage, le cœur et la foi(Parce qu'on a la rage) on restera debout quoi qu'il arrive(La rage) d'aller jusqu'au bout et là où veut bien nous mener la vie(Parce qu'on a la rage) rien ne pourra plus nous arrêterInsoumis, sage, marginal, humaniste ou révolté
La rage parce qu'on choisit rien et qu'on subit tout le tempsEt vu que leurs choix sont bancals et bien tout équilibre fout le campLa rage car l'irréparable s'entasse depuis un bout de tempsLa rage car qu'est ce qu'on attend pour s'mettre debout et foutre le boucanLa rage c'est tout ce qu'ils nous laissent, t'façon tout ce qui nous resteLa rage, combien des nôtres finiront par retourner leur vesteLa rage de vivre et de vivre l'instant présentDe choisir son futur libre et sans leurs grilles d'oppressionLa rage, car c'est la merde et que ce monde y adhèreEt parce que tout leurs champs OGM stérilisent la TerreLa rage pour qu'un jour l'engrenage soit briséLa rage car trop lisent "Vérité" sur leur écran téléviséLa rage car ce monde ne nous correspond pasNous nourrissent de faux rêves pour placer leurs rempartsLa rage car ce monde ne nous correspond pasOù Babylone s'engraisse pendant qu'on crève en bas
on restera debout quoi qu'il arrive(La rage) d'aller jusqu'au bout et là où veut bien nous mener la vie(Parce qu'on a la rage) on pourra plus s'taire ni s'asseoirDorénavant on s'tiendra prêt parce qu'on a la rage, le cœur et la foi(Parce qu'on a la rage) on restera debout quoi qu'il arrive(La rage) d'aller jusqu'au bout et là où veut bien nous mener la vie(Parce qu'on a la rage) rien ne pourra plus nous arrêterInsoumis, sage, marginal, humaniste ou révolté
La rage d'y croire et de faire en sorte que ça bougeLa rage d'un Chirac, d'un Sharon, d'un Tony Blair ou d'un BushLa rage car ce monde voit rouge mais de grisaille entouréParce qu'ils n'entendent jamais les cris lorsque le sang couleLa rage car c'est le pire que nous frôlonsLa rage car l'Occident n'a toujours pas ôté sa tenue de colonLa rage car le mal tape sans cesse tropEt que ne sont plus mis au goût du jour tant de grands savoirs ancestrauxLa rage, trop de mensonges et de secrets gardés les luttes de nos EtatsRiches de vérité, pouvoir changer l'humanitéLa rage car ils ne veulent pas que ça change, heinPréférant garder leur pouvoir et nous manipuler comme leurs enginsLa rage car on croit aux anges et qu'on a choisi de marcher avec euxLa rage parce que mes propos dérangentVois aux quatre coins du globe, la rage du peuple en ébullitionLa rage, ouais la rage ou l'essence de la révolution
on restera debout quoi qu'il arrive(La rage) d'aller jusqu'au bout et là où veut bien nous mener la vie(Parce qu'on a la rage) on pourra plus s'taire ni s'asseoirDorénavant on s'tiendra prêt parce qu'on a la rage, le cœur et la foi(Parce qu'on a la rage) on restera debout quoi qu'il arrive(La rage) d'aller jusqu'au bout et là où veut bien nous mener la vie(Parce qu'on a la rage) rien ne pourra plus nous arrêterInsoumis, sage, marginal, humaniste ou révolté
on restera debout quoi qu'il arrive(La rage) d'aller jusqu'au bout et là où veut bien nous mener la vie(Parce qu'on a la rage) on pourra plus s'taire ni s'asseoirDorénavant on s'tiendra prêt parce qu'on a la rage, le cœur et la foi(Parce qu'on a la rage) on restera debout quoi qu'il arrive(La rage) d'aller jusqu'au bout et là où veut bien nous mener la vie(Parce qu'on a la rage) rien ne pourra plus nous arrêterInsoumis, sage, marginal, humaniste ou révolté
Anticapitalistes, alter-mondialistesOu toi qui cherche la vérité sur ce mondeLa résistance de demain (Inch'Allah)A la veille d'une révolution (mondiale et spirituelle)La rage du peuple, la rabia del puebloParce qu'on a la rage, celle qui fera trembler tes normesParce qu'on a la rage, la rage a pris la populace et la rage est énorme

 

Pour aller plus loin:

- 18. Keny Arkana:"Victoria".

- 54. Keny Arkana : "Ordre mondial" 

- Une notice est consacrée à la chanson "Jeunesse du monde" dans Étienne Augris, Julien Blottière, Jean-Christophe Diedrich et Véronique Servat, En lutte ! Carnet de chants, éditions du Détour, 2022

- Sylvain Bertot, Ladies First. Une anthologie du rap au féminin, Le mot et le reste, 2019

- Bettina Ghio, Pas là pour plaire! Portraits de rappeuses, Le mot et le reste, 2020

- Julien Valnet, M.A.R.S. Histoires et légendes du hip-hop à Marseille, Wildproject, 2013








 



"Sans abris" d'Oxmo Puccino feat. Kery James, contre l'indifférence (1999)

 


 "Ainsi la misère des autres les laisse indifférents"

 On a longtemps crû que la question du mal-logement, soulevée avec acuité par l'abbé Pierre dans les années 1950, avait été résolue par la croissance des Trente glorieuses. La moindre visibilité des "sans-logis" ne signifiait pas pour autant la fin des problèmes de logement. Au cours des années 1980, avec les difficultés économiques et sociales liées aux crises et aux politiques économiques adoptées par les gouvernements de droite comme de gauche, la question refait surface. Les sans domicile fixe, qui comprennent les sans-abris et les mal logés, refont leur apparition dans les rues de France. Et depuis les temps sombres du début des années 1990, la question du mal-logement a rarement quitté le devant de la scène. L'abbé Pierre lui-même rappelle en 1990 que le problème n'a pas été résolu. La question demeure, malgré la prospérité relative indexée, dans l'imaginaire collectif, sur la seule croissance du PIB et, éventuellement, le taux de chômage. Si le nombre des sans-abris est toujours difficile à mesurer, les estimations les plus récentes établissent à 330 000 le nombre des personnes sans domicile en France (contre 143 000 en 2012) .

Comme l'écrivait très justement le sociologue Julien Damon en 2003, "depuis le début des années 80 les SDF ont (re)fait irruption dans les rues, dans les gares, dans les squares, sur les boulevards, dans le métro. On les retrouve sur les écrans de télévision, en bas de chez soi, aux portes des services d’assistance, dans les discours électoraux. Ils apitoient souvent, effraient parfois, et, régulièrement, défraient la chronique sociale.

Durant les années de croissance on s’était peu inquiété, sinon par la voix de l’abbé Pierre, des sans-logis. Dans les rubriques faits divers de la presse on trouvait des informations sur les clochards dont la figure folklorique faisait presque partie du paysage touristique. C’est avec la crise et le chômage que les indigents et les errants ont repris place dans les préoccupations collectives en tant que priorités d’action publique.

Ce regain d’attention pour un problème dont on n’avait très peu parlé pendant les Trente Glorieuses s’explique par la présence plus discernable de personnes qui font une utilisation particulière de l’espace public. Certaines formes d’action collective ont permis aux SDF d’accéder à l’agenda politique : les manifestations, l’apparition des journaux de rue comme La Rue ou Macadam, le lobbying des associations militantes, et les occupations de bâtiments inoccupés.

Visibles et très médiatisés, en période d’abondance, les SDF ont fait réagir l’opinion et les pouvoirs publics sur le registre de l’indignation. Ils sont devenus la cible de dispositifs spécifiques gérés, en majeure partie, par le secteur associatif (hébergements d’urgence, Samu social, accueils de jour, etc.) et financés, principalement, par l’État. " [1]

Ce diagnostic de 2003 n'a malheureusement rien perdu de sa pertinence, car les "plus vulnérables [sont] touchés par la saturation de l’hébergement et du logement social" selon la Fondation abbé Pierre dans son rapport de 2024. L'augmentation des offres locatives de courte durée (type Airbnb) rendant les logements inaccessibles est notamment mise en cause dans les grandes villes. Et l'effort insuffisant des municipalités et de l'Etat pour construire des logements sociaux, malgré les règles en vigueur, ne cesse d'interroger. La loi SRU de 2000, qui obligeait les communes à posséder un pourcentage minimal de logements sociaux, est en voie de détricotage alors même que certaines communes aisées ne la respectaient pas. Bref, la situation des mal-logés ne devrait pas s'améliorer !

 
"Encore un rap sur les sans-abris"

 Bien entendu, cette question n'a jamais laissé les rappeurs indifférents. Dans les années 1990, le Hip Hop se fait l'écho des problèmes sociaux des quartiers dont sont issus les rappeurs, mais aussi de la société française en général. Depuis "The Message" en 1982, ils se sont emparés des problèmes de leur environnnement immédiat en portant la plume dans la plaie. En France, la première génération du rap, si elle fait danser la foule, sait aussi lui dire les choses franchement et porter la critique sociale. Ceux qui suivent et s'en inspirent prennent le relais. C'est le cas d'Oxmo Puccino, l'une des plus belles plumes du rap français, dont la carrière est en train de décoller en cette fin des années 1990. Né au Mali en 1974, Abdoulaye Diarra a grandi dans le XIXe arrondissement de Paris. Il intègre le collectif Time Bomb (qui compte également Booba, Ali, Pit Baccardi, Cassidi et d'autres). En 1998, il sort son premier album solo Opéra Puccino.

En 1999, il produit, avec DJ Mars, la mixtape La dernière chance (Bâtiment B) sur laquelle on trouve le morceau "Sans abris". Sortie en 2000, La dernière chance rassemble, autour d'Oxmo, des rappeurs qui montent alors (Rhoff, 113), dans le sillage de cette deuxième génération du Hip Hop qu'il incarne. Auréolé du succès de son premier album, le MC franco-malien est au meilleur de sa forme. Le morceau "Sans abri" est enregistré avec Kery James qui a à peine 20 ans. Né Alix Mathurin en Guadeloupe de parents haïtiens, il a grandi à Orly et s'est déjà distingué en enregistrant pour MC Solaar dès 1991. Il participe au collectif Mafia K'1 Fry fondé en 1995 (Manu Key, Karlito, Rohff et le 113). Il est l'une des figures du groupe Ideal J qui vient de connaître un certain succès avec son album Le combat continue, notamment le titre "Hardcore".

 Oxmo et Kery nous parlent des raisons qui conduisent à la rue (ruptures, drogue, ...) mais insistent avant tout sur l'indifférence qui nous a gagnés, critiquant l'égoïsme des individus confrontés à la misère d'autrui. Ces paroles n'ont pas pris une ride...



 

En 2018, à l'occasion des 20 ans de son premier album, Oxmo ressort une édition enrichie de quelques collaborations dont ce morceau avec Kery James, entre temps devenu l'un des rappeurs les plus marquants des années 2000. Les deux MCs ont d'ailleurs mené plusieurs projets en commun.



source: http://only-purist.blogspot.com/2008/07/batiment-b-presente-la-derniere-chance.html

 
[Couplet 1 : Oxmo Puccino]
Les astrologues disent que vous êtes tous heureux
A la télé ils disent que vous êtes généreux
C'est pas grave ...
Encore un rap sur les sans abris
Que vais-je dire de plus qui n'a pas été dit
Donc j'dédie ces rimes aux opprimés, aux déprimés, aux incompris
A chaque famille brisée sans le savoir
Les sans abris sont bien plus proche que l'on croit ... Quoi
Beaucoup s'étonnent ? ... J'déconne ... Tous les mêmes souffrances
Soupirer en silence de leur indifférence qui leur reste comme un poids


[Couplet 2 : Kery James]
Leur point commun reste leur indifférence
Ainsi la misère des autres les laisse indifférents
J'les ai vu ricaner au nez des sans abris
Ceux, se croyant à l'abri, de ceux dont Dieu les abrite
Aucune compassion, pas une pièce, même pas un sourire
Pas même un soupçon de gentillesse
Pour ne pas secourir. Aux déshérités, aux miséreux
Les excuses sont nombreuses pour ceux qui sont désireux
De garder pour eux mêmes ce qu'ils croient avoir acquis
Appartenait à d'autre, appartiendra à d'autres ... Ainsi va la vie
Tu verras sur leurs traits cet air supérieur
Richesse extérieure qui cache pauvreté intérieure
Lâche, coupable mais libre, bien pire
Se croyant meilleur, ex-magouilleur en costard, futur balayeur
Ces gens, sont tellement accrochés à leur argent qu'ils ont toujours
L'impression d'être au bout du rouleau

[Couplet 3 : Oxmo Puccino]
En fait ils s'trompent de but et cachent une flûte sous leurs apparences
Enjoués quand il fait beau, s'font entendre les jours de chance
Ils vivent de faux semblants et en font toute leur vie
Bouchent les trous d'conscience de gestes d'artifices ...Espèce de ...
Visent tout haut ceux qu'ils ne font pas tout bas
Versent des sous à téléthon et s'foutent de c'qui s'passe en bas d'chez eux
Mais quand les 'blèmes les concernent ils savent tous se taire
Tout le monde peut avoir une fille toxicomane ou un fils
Qui fait des bénéfices avec des biz illicites
En attendant que ça nous arrive on se félicite et
Le fils a des bonnes notes, on le plebiscite
Sache que le bonheur des uns fait le malheur des autres
Même si tu fais semblant quelqu'un rêvera que tu te vautres ...
C'est pour ça qu'on est tous tristes ...
L'égoïsme se transmet de père en fils ...
Mettre un gosse au monde ... de l'héroïsme ??


[Couplet 4 : Kery James]
A tes gosses il faut que t'enseigne la charité avant
Que ce monde féroce ne les imprègne de vanité
Avant que ce monde atroce ne leur apprenne
Que marcher sur les siens est de bonne guerre
Ingrédient nécéssaire à leur réussite, c'est triste
Cette socièté d'égoïste m'attriste, m'écoeure
Car au contraire j'ai du coeur, j'ai du coeur
De l'amour pour chaque coeur qui bat, issu du bas
J'vise le haut, pour ça j'me bat, mon combat à ses limites
Car j'veux être des gens bien, avoir des principes comme Kima, Keusti ou Zinzin
Métro, boulot, dodo, apellent-ils ça avoir une vie stable ?
C'est ce style de vie qui leur donne cet air détestable
Froid jusqu'à l'effroi, d'hiver en été, mais en qui ces gens ont foi ?
Ils courrent alors que l'état ne fait que reculer leurs retraites
Ils ont placé père et mère sans pitié en maison d'retraite

 

Pour aller plus loin:

- Sur cosmichiphop, le contexte de la création de la mixtape Bâtiment B

- La liste complète des titres de la Mixtape 

Sur l'histgeobox

- 188. Oxmo Puccino pour l'UNICEF : "Naître adulte" (2009)

Et trois morceaux qui abordent les problèmes du logement:

- Loca Virosque Cano (15): Orly (Gilbert Bécaud, "Un dimanche à Orly", 1963

- "Bidonville" de Nougaro, une plongée poétique dans un quotidien sordide, 1966

- Loca Virosque Cano (10): "Cergy" par Anis

 

- Céline Pessis, Sezin Topçu et Christophe Bonneuil, Une autre histoire des " Trente Glorieuses "
Modernisation, contestations et pollutions dans la France d'après-guerre
, La Découverte, 2013

 

[1] DAMON Julien, « Les SDF en France : difficultés de définition et de prise en charge », Journal du droit des jeunes, 2003/3 (N° 223), p. 30-35.